dimanche 3 février 2013

- Idées courantes sur la politesse en matière d'appellations



- Idées courantes sur la politesse en matière d'appellations

Il est couramment affirmé :
- que "quand on ne sait pas, il faut dire mademoiselle",
- que ce titre est flatteur pour la femme désignée car il signifierait que la personne qui appelle la femme lui trouve une apparence physique de jeune fille ou jeune femme.

La politesse voudrait que l'on demande : "Comment dois je vous appeler : Mme ou Mle ? " (et jamais : "Vous êtes Mme ou Mle ? ".)
Car demander à la personne que l'on souhaite appeler, comment elle considère que l'on doit l'appeler, "comment dois je vous appeler ?", est nécessaire pour "respecter", ne pas "écorcher" son nom.
(Et par contre il est très impoli d'interroger quelqu'un sur sa vie privée…)

Or la règle qui veut que l'on prenne soin d'appeler une personne convenablement, est atténuée dans le cas de l'appellation.
Sans doute parce qu'au contraire du nom propre qui "représente" l'individu lui même, l'appellation ne paraît représenter que la catégorie dans laquelle on l'inclut, toucher à l'appellation peut donc sembler ne pas porter atteinte à l'individu dans sa personne propre.
Sans doute aussi parce que demander à une personne comment elle considère que l'on doit l'appeler prend du temps…mais cela est vrai de la plupart des règles de politesse.
Surtout semble t il à cause de la présentation du "mlle" comme flatteur, aimable à priori…

Celui qui utilise une appellation au lieu d'une autre s'excuse à peine si l'interessée lui indique son erreur, au contraire…
Le fait pour une femme de réclamer ses droits, et ainsi de contrevenir aux règles de l'usage - puisqu'ils sont en contradiction avec le droit - , est considéré couramment, comme une violation des règles de la politesse de la part … de cette femme. Assez souvent, il apparaît même comme une violation « grave », à la limite de l'injure vis à vis de ceux auprès de qui elle se voit obligée de réclamer, à la limite de la faute morale.
Cette réaction s'explique ainsi :
Le fait de réclamer à une autre personne le respect d'un droit, fait immanquablement apparaître l'autre comme ayant manqué à une règle, de droit ou de politesse, donc comme coupable, c'est une accusation implicite …donc lorsque cette accusation paraît fausse, le reproche est ressenti comme une injure injustifiée donc totalement abusive. Le fait de réclamer à une autre personne (par ex : un fonctionnaire) le respect d'un droit, alors que le travail habituel de cette personne ne comprend pas le respect de ce droit, la dérange, et par conséquent apparaît comme une véritable faute morale - "délit" d'atteinte à la tranquillité d'autrui de bafouer tranquillement vos droits, en quelque sorte.
Ici comme dans d'autres domaines, une femme "bien" est censée savoir et devoir "se laisser humilier avec le sourire"[1].

Il y a une contradiction de légitimités, une ambiguité…


[1] fragment de phrase de la princesse Galitzine, Macha Méryl, dit un jour dans les ondes, ??? lesquelles …

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