dimanche 3 février 2013

UNE SI PETITE HUMILIATION


PHILOSOPHIE DU DROIT DES FEMMES
_________________________________________________________________________________________


LE RIRE DU DIABLE


LE RIRE .»

La joie serait le sentiment de la victoire.
Le rire serait le sentiment de l’échec, de la vie devant du mécanique.
Survivre suppose des victoires.

Le malheur est comique parce qu’il arrive toujours : en rire c’est ne pas oublier d’être joyeux malgré lui.
Entre habitués des persécutions en tout genre, rire du malheur, de la bêtise des choses, de la mort dans la vie, c’est ne pas oublier que comme nous la comprenons, nous pouvons la vaincre,
(nous devons essayer de la vaincre, en ce sens : ne pas oublier d’être joyeux).
Le rire est le début de la victoire - ensemble - de l’intelligence sur la mort.

Il faut avoir la bêtise de croire que le malheur n’arrive qu’aux coupables pour ne rire que par moquerie.
Pour rire d’eux et pas avec eux.

.» ET CELUI DU DIABLE

Le plaisir est le guide animal, instinctif, vers ce qui nous permet de survivre.
Le pervers utilise ce qui est pour le bien, pour le mal, ce qui est pour la vie pour la mort.
D’où :
Le rire du diable est le plaisir de la mort de l’autre. La jouissance de vaincre en écrasant le plus faible.

DERISOIRE

Le plus faible qui se révolte est risible : il se débat vainement, vaincu d’avance.

Les problèmes des petits, des femmes, apparaissent dérisoires, parce qu’ils viennent de gens qui paraissent en eux mêmes dérisoires, quantité négligeable.
Comment a t on pu rire des femmes battues, comment les lettrés chinois ont ils pu rire de la question des pieds bandés, comment les médecins viennois du XIX° ont ils pu rire, au point de le rendre fou, du Dr Semmelweiss qui, dans un hôpital où plus de la moitié des accouchées mourraient de fièvre puerpérale[1], avait découvert que se laver les mains avant de toucher les femmes réduisait les cas d’infection et demandait que cette méthode soit appliquée .», comment De Gaulle a-t-il pu parler d’un ministère du tricot, sinon par cet automatisme de mépris ?

La loi du plus fort veut que le plus fort ait raison.
Les frustres confondent plaisir de triompher avec vérité.
Ils prennent leur envie de rire pour la preuve que le plus faible a tort.

Alors que le rire est l’indice d’une oppression.
Si le plus faible se débat c’est qu’il souffre, si les plus forts rient c’est de leur triomphe sur lui, c’est qu’il y a triomphe, qu’ils en retirent profit, c’est que la souffrance du plus faible n’est pas un fait de la nature, mais une situation d’exploitation.
Si le combat du plus faible est perdu d’avance c’est que le déséquilibre des forces est trop grand.
L’exploitation rendue possible par le déséquilibre des forces s’appelle l’oppression.

Il y a des rires dont on doit avoir honte.
Rires de porcs vautrés dans leur plaisir d’écraser.


PUNITION DE LA VIOLATION DE LA COUTUME

Byzarrement, Bergson[2] ne semble voir dans le rire que le rire sur l’autre, la moquerie.
Après avoir expliqué que le rire vient " Du mécanique plaqué sur du vivant" : " Nous rions chaque fois qu'une personne nous donne l'impression d'une chose", Henri Bergson décrit la fonction punitive du rire.

"En un mot, si l'on trace un cercle autour des actions et dispositions qui compromettent la vie individuelle ou sociale et qui se châtient elles mêmes par leurs conséquences naturelles, il reste en dehors de ce terrain d'émotion et de lutte, dans une zone neutre où l'homme se donne simplement en spectacle à l'homme, une certaine raideur du corps, de l'esprit ou du caractère, que la société voudrait encore éliminer pour obtenir de ses membres une plus grande élasticité et la plus haute sociabilité possibles. Cette raideur est le comique, le rire en est le châtiment."
"Le rire est, avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l'objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu'on a prises avec elle.(…) En général et en gros, le rire exerce sans doute une fonction utile. (…). Mais il ne suit pas de là que le rire frappe toujours juste, ni qu'il s'inspire d'une pensée de bienveillance ou même d'équité.
Pour frapper toujours juste, il faudrait qu'il procédât d'un acte de réflexion. Or le rire est simplement l'effet d'un mécanisme monté en nous par la nature, ou, ce qui revient à peu près au même, par une très longue habitude de la vie sociale.(…) Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès, frap­pant des innocents, épargnant des coupables, visant à un résultat général (…) Il en est ainsi de tout ce qui s'accomplit par des voies naturelles au lieu de se faire par réflexion consciente. (…) Répétons qu'il ne doit pas non plus être bon. Il a pour fonction d'intimider en humiliant. "

UNE SI PETITE HUMILIATION

Les revendications des femmes contre les petites humiliations semblent dérisoires. Le rire semble une petite humiliation. Il y aurait toujours plus urgent à faire.

L’humiliation n’est jamais gratuite, jamais uniquement symbolique.
Personne n’accepte de courber l’échine devant un autre, de « se laisser humilier avec le sourire », s’il n’y est pas contraint, acculé, s’il n’est pas dans une telle position de faiblesse, que bien d’autres contraintes abusives, injustices et violences peuvent lui être infligés.
On n’humilie pas par inadvertance, si celui qui humilie était quelqu’un de bien il n’humilierait pas, ou s’arrêterait et s’excuserait immédiatement.
L’humiliation est menace d’employer la force, elle sert à obtenir ce que l’on veut sans même se fatiguer à employer la force, à obtenir la résignation de l'autre à son sort, elle prépare et facilite toujours des violences physiques, de l’exploitation économiques donc finalement physique de l’humilié-e.
« Puisqu’une femme, telle femme, prend moins un air de dignité, mérite moins de respect, d’estime, puisqu’elle a moins de poids, c’est que sa parole, ses actes ont moins de poids, c’est qu’elle et son travail valent moins.» » estiment plus ou moins explicitement les supérieurs hiérarchiques.
Dès lors que l’humiliation parait possible d’autres domaines, elle n’est plus exclue dans le domaine physique, or là, l’humiliation se confond avec la violation de l’intégrité physique.

Une si petite humiliation…
Personne ne vous menace vraiment, vous paraîtriez bien folle si vous le disiez, mais tous les jours, cent fois par jour, de tous petits signes "symboliques" vous rappellent une menace possible.
Le message distillé aux femmes par cette si petite humiliation est bien : " Vous n'arriverez même pas à obtenir un droit si dérisoire, gare à vous si vous tentez d'en revendiquer de plus importants !"
L'humiliation comme terrorisme subliminal.

Toute discrimination est une humiliation.
L'impunité d’une discrimination encourage la violation des droits, accrédite l'idée que la violation des droits (des femmes) n'est pas si grave…. L'impunité de la violation d'un droit est facilement confondue avec l'absence de droit, laquelle est facilement confondue avec l'absence de valeur de la personne qui ne "mériterait" pas ces droits. Le mépris des droits des femmes a pour conséquence le mépris des femmes.
Or "Faire souffrir quelqu'un de second ordre est un crime moins grave de second ordre lui aussi…"[3]
Retour au dérisoire, et les diables sont d’avance excusés.      
Elisseievna




[1] Dans l’hopital en question la morgue voisinait la maternité, les étudiants pouvaient librement s’amuser à toucher les accouchées sous divers prétextes, et passaient des séances d’autopsie à l’ »examen » des femmes, d’où la quantité des fièvres, dont les femmes mourraient, le corps envahi de pus, dans des souffrances intolérables, qui ne dérangeaient pas grand monde parmi les médecins en dehors de Semmelweiss.
[2] Henri Bergson Le Rire Essai sur la signification du comique PUF 1940
[3] Véronique Nahoum-Grappe "Le féminin" Ed Hachette 1996

Circulaire 21 février 2012



Vos témoignages ...

Vos témoignages et commentaires sont les bienvenus ...

LA DOUBLE APPELLATION MME / MLE


LA DOUBLE APPELLATION MME / MLE

L'homme, la maman et la putain…

Les textes qui suivent ont été publiés par la Revue du CERF en 2001.

LE DROIT APPLICABLE : LA LIBERTE DE CHOISIR SON APPELLATION



LE DROIT APPLICABLE : LA LIBERTE DE CHOISIR SON APPELLATION

- Contenu (par défaut) du droit de l'appellation

L'appellation ou civilité "madame" "monsieur" etc… ne fait pas partie de l'état civil d'une personne, en droit, elles n'ont aucun rapport avec le sexe, l'âge, ou la situation matrimoniale de la personne.
Contrairement aux titres dont l'usage peut être règlementé dans certains cas[1], aucun texte ne régit, ne restreint, leur utilisation, qui est donc entièrement libre.
Tout le monde peut s'appeler et se faire appeler à sa guise "madame", "monsieur", "mademoiselle", "mondemoiseau".» y compris sur les documents les plus officiels : actes notariés, diplômes etc…

- Sources législatives et règlementaires (absences de..)

Aucune loi n'oblige et n'a jamais obligé une célibataire à s'appeler mademoiselle, de même qu'il n’existe pas de loi ayant "autorisé" les célibataires à s'appeler madame. Elles ont toujours eu ce droit.
Le seul texte applicable en la matière est la déclaration des droits de 1789 elle-même, article 5 " (…)Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. "

- Circulaires et réponses ministérielles

On rappellera qu'en vertu du principe de légalité et en application de la Constitution, seules la loi et le règlement s'imposent aux français.es, à condition d'être conformes à la Constitution et aux traités internationaux signés par la France, les règlements devant être conformes aux lois.
Les circulaires sont des "ordres" donnés par les ministres à leurs administrations. Certaines sont publiées et peuvent dans certains cas créer des droits au profit des administré-es. Mais elles ne s'imposent pas aux administré-es : "Le juge judiciaire, tant en matière répressive qu'en matière non répressive, refuse en général de tenir compte des circulaires administratives"[2].

Plusieurs circulaires et réponses ministérielles rappellent le droit applicable en ce domaine (exposé dans le premier paragraphe ci dessus) :
Circulaire ministérielle du 22/9/1967 fp n°900 ; du 3/12/1974 n°1172 du secrétaire d’état auprès du premier ministre (fonction publique) Gabriel Peronnet ; Lettre du ministre de la santé et de la famille du 29/9/1978 (siomss 78-1028-410 im/ri);
Réponses ministérielles : question n°11739 » du 10/7/1972, n°11886 du 1er/9/1972, n°5128 du 3/3/1983 JO sénat du 14/4/1983 p572 (Yvette Roudy) ; n ° 12378 à la sénatrice Luc journal des débats du sénat du 24/11/1983 p1608.

Mais nombre de documents et formulaires émanant de l'administration donne à croire qu'il n'y a pas de liberté de choix de l'appellation.
Ainsi, l'instruction générale sur l'état civil du 11 mai 1999 fait apparaître :
- (§193-2) sur les formulaires de demande de copies intégrales ou d'extraits d'acte de l'état civil, les intitulés de champs suivants :   " c  Mme c  Mle c Monsieur "
- (§ 267) dans un modèle de lettre " J'ai l'honneur de vous faire connaître qu'une inscription a été prise au répertoire civil au nom de M (Mme ou Mlle) .. né(e) le …"
- (§ 389-1) dans un modèle de lettre "J'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir procéder à une enquête sur la situation de M… domicilié à… et Mlle .. domiciliée à … qui ont constitué un dossier de mariage..", pourtant dans une lettre correspondant à la même situation, l'instruction propose une "notification aux futurs époux" commençant par ces termes : "Madame, (Monsieur), j'ai l'honneur…".
- (§461-3) dans plusieurs modèles de certificats médicaux : "Je, soussigné (e) Docteur ..; certifie que Madame (Mademoiselle) … a accouché d'un enfant.."


- Droit de la langue française

Le Conseil Constitutionnel, dans sa décision n°94-345 DC du 29 juillet 1994 (relative à la "loi Toubon") a rappelé que l'obligation, sous peine de sanctions, d'user de certains mots ou de certaines expressions porterait atteinte à la liberté d'expression proclamée par l'article 11 de la déclaration de 1789.
On peut estimer qu'il en serait de même de l'interdiction systématique d'emploi de certains mots.

- Autres textes généraux français que nous estimons applicables au problème de l'appellation :

Le préambule de la Constitution de 1946, reconnaît parmi les "principes particulièrement à notre temps", l'égalité de droit entre hommes et femmes.

Le code civil (art 9) prévoit le droit au respect de la vie privée.

Le code pénal prévoit des sanctions dans le cas de certaines discriminations (art. 225-1 et suiv.), atteintes à la vie privé, violation du secret professionnel (art. 226-13), injures.

Le Conseil Constitutionnel a affirmé que le droit au respect de la vie privée constitue une composante de la liberté individuelle : "Considérant que les méconnaissances graves du droit au respect de leur vie privée sont pour les étrangers comme pour les nationaux de nature à porter atteinte à leur liberté individuelle" (Décision 97-389 DC du 22/4/1997 , JO 25/4/1997 p6271s)

- Droit international (textes généraux que nous estimons applicables au domaine de l'appellation) :

La convention européenne de 1950 proclame l'égalité entre hommes et femmes , le droit à la liberté d'expression (art 10) et à la protection de la vie privée (art. 8).
Le pacte international de New York relatif aux droits civils et politiques du 19 décembre 1966 (art.17 droit à la vie privée)
La déclaration universelle de 1948 proclame les mêmes droits fondamentaux : l'égalité entre hommes et femmes, le droit à la liberté d'expression (art. ) et à la protection de la vie privée (art.).

Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979
prévoit que les Etats s'engagent :
- à modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femmes,
- à adopter les mesures législatives et d’autres mesures appropriées assorties, y compris des sanctions en cas de besoin, interdisant toute discrimination à l’égard des femmes.

- Doctrine et droit étranger sur la double appellation :

Faute de recherche systématique sur la situation à l'étranger, la liste qui suit n'a rien d'exhaustif .

L'UNESCO a publié une brochure intitulée " Pour un langage non sexiste" :
" Un des principaux domaines dans lesquels l’UNESCO mène son action en faveur de la justice, de la non-discrimination et de l’égalité des chances (.») est le langage. Il est donc de son devoir de s’employer (.») à éliminer de son propre discours (.») toutes formes de langage discriminatoires et notamment celles qui reflètent des préjugés sexistes. Cet effort doit porter à la fois sur les modes d’expression et sur les contenus, explicites ou implicites. (.»)
il s’agit d’éviter quand on parle de personnes déterminées qui sont des femmes : (…)
- les appellations qui établissent une distinction entre les femmes selon leur situation matrimoniale (« Madame », « Mademoiselle ») en leur déniant ainsi une identité propre puisque leur identité se trouve définie par leur relation avec les personnes de l’autre sexe (cette distinction, qui n’a aucune valeur juridique et qui tend d’ailleurs à s’estomper, n’est pas faite dans le cas des hommes et a donc un caractère discriminatoire)."

Arrêté du gouvernement de la Communauté française de Belgique établissant les rèles de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre du 13 décembre 1993, annexe 2, recommandation 5 :
"Il est recommandé de généraliser l'appellation Madame en lieu et place de Mademoiselle, dans les textes visés par le décrêt".

Marcelino Oreja Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, déclaration à Strasbourg le 4 mars 1986[3] :
« (.») Une femme a droit au respect de son identité et de sa vie privée. Qu’un homme soit marié ou non, la façon dont nous nous adressons à lui ne change pas. Nous l’appelons « monsieur » ou « Sir » ou »senor ». Il n’en va pas de même pour les femmes que l’on appellera suivant le cas « madame » ou « mademoiselle », « senora » ou « senorita ». Ne pourrait-on pas supprimer cette distinction et appliquer pour les femmes le même principe que pour les hommes ?»

A noter qu'en Allemagne, dans la vie professionnelle, on utilise toujours le terme Madame.


[1] Code pénal : Article 433-17 (de l'usurpation de titre attaché à une profession réglementée)
[2] Georges Vedel, Pierre Delvolvé, Droit administratif PUF 1984
[3] cité par Patricia Niedzwiecki dans "Au féminin !" Librairie Nizet 1994

L'USAGE APPLIQUE : LA DESIGNATION DES FEMMES EN FONCTION DE LEUR SITUATION DE FAMILLE


L'USAGE APPLIQUE : LA DESIGNATION DES FEMMES EN FONCTION DE LEUR SITUATION DE FAMILLE

- Usage courant

L’usage est actuellement en France :
- d’utiliser deux appellations distinctes pour les femmes, à savoir Madame et Mademoiselle, en fonction de ce que l’individu appelant la femme, connaît de la situation matrimoniale de celle-ci et non en fonction du choix de l'intéressée,
- ou de demander systématiquement aux femmes, dès qu'elles se présentent, si elles "sont" une "femme" une "jeune fille" : "mme ou mlle ?", et de leur demander de plus d'indiquer leur situation matrimoniale et éventuellement de la prouver.

- L'usage courant : une application du "droit imaginaire"

L'usage appliqué en matière d'appellation est un droit imaginaire, une règle dont tout le monde ou presque s'imagine qu'elle est obligatoire, correspondant à une coutume ancienne, mais nullement aux lois et règlements actuellement en vigueur.
Son respect est du en grande partie à la crainte de violer les règles policières relatives à l'état civil, et non à un intérêt pratique ou moral légitime reconnu par tous et encore moins par toutes…
Qui plus est, cette coutume est en contradiction avec des lois protégeant des libertés fondamentales.

- Formulaires et Informatique

La plupart des formulaires et des masques informatiques servant à mentionner la désignation, comportent trois appellations "monsieur, madame, mademoiselle".
Dans certains programmes informatiques la mention "mademoiselle" est portée automatiquement si la femme n'indique pas de nom "de jeune fille", ce qui est supposé indiquer qu'elle ne porterait qu'un "nom de jeune fille" et ne serait pas mariée, ou si elle n'indique pas qu'elle est mariée.
Dans d'autres, la mention "mademoiselle" est la mention proposée par défaut, celle qui restera dans le fichier si aucune correction n'est effectuée exprès pour la modifier.

- Dictionnaires, guide de rédaction et manuels de savoir vivre :

Les dictionnaires indiquent que le mot madame est employé pour les femmes mariées, certains indiquent qu'il l'est aussi actuellement pour les femmes en général, et que les femmes occupant certains postes sont toujours désignées par le terme "madame"[1].

La plupart des guides de rédaction de courrier donnent des modèles de lettre utilisant les appellations madame ou mademoiselles selon la situation matrimoniale supposée.

La plupart des manuels de "savoir vivre" font la même distinction, (un seul, rédigé par une femme[2], indique qu'il convient d'appeler à priori toute femme adulte madame, qu'elle pourra préciser elle même si elle préfère le mlle).
Ils expliquent qu'un homme doit se présenter en indiquant son prénom et son nom, une femme mariée le nom de son mari précédé de "madame", une "jeune fille" son prénom et son nom. Une femme qui se présente comme un homme, donc sans appellation avant son nom, est donc présumée être une "demoiselle".
Les cartes de visite doivent comporter la même désignation que celle utilisée par la personne pour se présenter verbalement.
Les manuels précisent qu'en aucun cas une célibataire ne doit se présenter comme "mademoiselle .." ou faire inscrire cette mention sur sa carte. Quelle explication donner à cette recommandation sinon qu'une telle mention pourrait passer pour une petite annonce de "demoiselle" de mauvaise vie ?


[1] Micro Robert : "Madame … titre donné par respect à certaines femmes, mariées ou non. Madame la Directrice. "
[2] Sylvie Weil Trésors de la politesse française Ed Belin 1996.

- Historique



- Historique

Etymologiquement, le mot « demoiselle", vient d’un diminutif latin de "domina" ("dame") , et désigne au moyen âge une femme noble (mariée ou non) d'une rang inférieur à celui de la "dame", alors que "demoiseau" désigne un jeune seigneur.
La "demoiselle" est donc une "jeune" personne à qui l’on doit moins de considération qu’à la dame…

Le dictionnaire étymologique et historique de la langue française[1] donne les définitions suivantes :

"Dame : (XI° s.) du latin domina « maîtresse »(…), le mot est courant au moyen âge pour désigner une femme qui détient un droit de souveraineté, qui est maîtresse d’un fief et assume une fonction de seigneur. (…) Une femme qui n’appartient pas à la noblesse n’y a pas droit, sinon par ironie. Les bourgeoises et les femmes du peuple s’attribueront ce titre au XVI° s. (.»)
Demoiselle : (XI° s.) .) du latin vulgaire dominicella, puis domnicella, diminutif de domina (…), s’applique en ancien français à une femme noble. La damoiselle dans la hiérarchie sociale du moyen âge occupe un rang moins élevé que la dame.»Elle appartient normalement à la petite noblesse, elle peut être la femme d’un écuyer. Elle est donc au dessus des bourgeoises et a un certain pouvoir de commandement.
Damoiseau : (XII°) « jeune noble (qui n’est pas encore chevalier), jeune seigneur » "

"Madame : (XII) s.) terme d’adresse qui marque d’abord en ancien français un lien de dépendance féodale ou amoureuse, puis dès le XIII° siècle appellatif de respect, sans lien de dépendance directe, exprimant la haute considération portée à une personne de statut supérieur.
Mademoiselle : (XVI° s.) figé en un seul mot apparaît tardivement, car au moyen âge le possessif implique une relation de dépendance et de sujétion.
Monsieur : (XIII° s.), terme de politesse qui s’est subsitué à monseigneur, composé de mon et de sieur, cas régime de sire, issu de seiorem, forme abrégée de seniorem « plus agé »"


[1] Emmanuèle Baumgartner et Philippe Ménard Le Livre de Poche 1996